Le soleil c'est couché comme tous les soirs, sans le savoir mes parents n'allaient plus le revoir. Qu'ils profitent de ce fabuleux spectacle que nous offre Dieu tous les jours, car ce soir quand minuit sonnera leurs vies seront arrachées de leurs pauvres carcasses de mortels. Il y a un mois, j'ai fait un rêve des plus étranges. Ce songe m'a montré que je devais tuer ma famille pour obtenir ce que j'ai toujours rêvé : le pouvoir. Il est vrai que je ne devrais pas interpréter ce rêve au pied et à lettre, mais il m'a semblé si vrai. Et puis, depuis quelques nuits il revient me montrant toujours la même chose. Je ne sais pas si c'est mon esprit qui me joue des tours ou bien que le Malin c'est emparé de mon âme. De toute façon, j'ai décidé d'écouter cette vision, car pour moi elle n'est pas le fruit d'une imagination débordante, mais de la Destinée.

Je suis assez étonnée, mais je n'ai pas peur, je ne suis pas non plus stressée, je suis calme et impassible. Prendre la vie de mes géniteurs me semble tout à fait normal et légitime. Si je veux cette indépendance, je dois couper les liens qui me rattachent à cette vie si misérable. Si on regarde bien, ce rêve est effectivement apparu le jour où mon père a posé ses mains sur moi, quant à ma mère elle n'a rien dit, elle l'a laissé faire. J'attends sur mon lit, vêtu de cette robe blanche que mon paternel m'a offert le jour où il a abusé de moi. Dans mes mains, je tiens un couteau, il est pointu est long. Je le sers contre ma poitrine, il me réconforte. Je me sens forte avec lui, il annihile mes peurs. Les douze coups de minuit ont sonné, il est temps pour moi de mettre en oeuvre ce songe des plus macabres. Je me lève de mon lit, je marche d'un pas lent et nonchalant. J'ouvre la porte de la chambre de mes parents. Je les regarde dormir paisiblement, ils ont l'air si innocents, si faibles. Je m'approche de la tête de mon père. J'entends sa respiration.

Je l'observe avec dégoût. Je prends sa tête et je l'embrasse à pleine bouche, il ouvre les yeux et me regarde. Mais il n'a pas le temps de me repousser que ma lame c'est planté dans sa gorge. Je sens son sang chaud sur mes lèvres, ses mains se crisper sur mes bras. Je retire la lame délicatement et je me dirige vers ma mère qui s'est réveillée. Mon regard est froid, mon père est un porc, mais ma mère est une salope. Je l'aimais, elle était ma meilleure amie, mais elle m'a trahi le jour où elle a laissé son mari me violer. Je lui plante à plusieurs reprises mon couteau dans le torse, mes coups sont frénétiques et remplie d'une rage folle. Je l'entends hurler de douleur et je sourie, mes dents sont rouges. Le liquide vital de ma mère éclabousse mon visage ainsi que ma robe blanche. Je la laisse se vider de son sang sur son lit blanc, mes parents sont là devant moi, morts comme des chiens. Je ris de joie, car je suis libre.

Avant de partir, je mets le feu à notre petite maison, je souhaite que ma vie d'antan disparaisse pour toujours, qu'il ne reste aucune trace de cette dernière. J'arrache mon collier de perle qui se trouve autour de mon cou, j'ai envie de le lancer dans les flammes, mais je n'ai pas le courage de le faire. Ce petit bijou me rappelle certains bons moments de ma vie, je dois me résilier à le garder.

Bientôt trois ans que je vis ici, Kurasa la terre où tous les vices sont permis. En surface, je suis une femme élégante, loyale, mais dans les abysses de cette cité je suis Miss Whitedress. La femme de pouvoir, de corruption, celle qui dirige une cellule où l'on ne retrouve que les pires crapules qu'a pu proliférer notre monde. Je dirige - comme beaucoup de personnes - un business illégal, grâce à ce dernier je suis la femme de mon rêve étant gamine. Les gens me craignent, car je peux décider de qui doit vivre ou mourir. Ceux avec qui je fais affaires se doivent d'être irréprochables, l'échec n'est pas permis. Les individus qui me trahissent ou bien qui me gêne finissent le plus souvent dans le lac avec les poissons. Grâce à ces affaires, j'ai pris du galon dans la cité du péché et bientôt je m'attaquerai à un domaine qui m'a toujours fait fantasmer, la Politique.

Tout se passe comme prévu. Mes plans commencent à apporter leurs fruits, ma réussite n'est plus qu'une question de temps. Néanmoins, je me dois de rester vigilante, j'ai fait une alliance avec un individu auquel il faut que je me méfie. Il est probable que ce dernier puisse me trahir, c'est pour cette raison que j'envoie mes gros bras s'assurer que les accords de notre petit arrangement soit respecter. J'ai pris toutes les dispositions possibles et inimaginables pour parer à cette éventuelle trahison. Ici à Kurasa, je suis un Mirage, personne ne sait qui est réellement Miss Whitedress. Peu d'informations sur ma personne sont connues, pour le bas peuple je suis une femme qui dirige dans l'ombre une organisation obscure, mais personne ne sait à quoi je ressemble, même mes larbins ne sont pas mis dans la confidence. Quand je m'adresse à eux, c'est toujours masqué.

Ce sera sans doute la dernière page de ce journal que je traine depuis tant d'années. Je suis à la fois heureuse et triste que cette histoire ce termine, car j'avais pris goût à écrire mes pensées dans ce petit recueil aux pages vierges. Finalement les actions que j'aie pu commettre pendant toute ma vie ont été censées. Mon rêve de petite fille n'était pas un fantasme, mais une vision de ma vie future. Le meurtre de mes parents n'était pas un acte de barbarie et de vengeance, mais de délivrance. Je vais enfin devenir cette femme qui me faisait tant rêver. Mon allié est en train de faire les derniers préparatifs, ce n'est plus qu'une question de jours avant que je sois sur les devants de la scène. Je n'arrive plus à en dormir, tellement que j'ai hâte que tout ceci se finisse finalement. Quand je regarde en arrière, je vois que j'ai fait un long chemin pour arriver devant ce sommet qui me tend les bras. Je sens le vent de la victoire balayer mes cheveux bruns, je vois le peuple s'agenouiller devant moi, m'acclamant comme si j'étais leur Reine. Miss Whitedress n'est plus une identité secrète, mais une personnalité importante dans ce monde, elle n'aura pas un rôle secondaire, mais un rôle primaire. Les décisions qu'elle prendra seront importantes et personne ne pourra les nier. Se sont sur ces dernières lignes que ce journal s'achève, peut-être que je le continuerais dans quelques années. Seul le temps nous le dira.