Kurasa... un village reclus du monde... non, une fidèle représentation du purgatoire sur cette terre maudite. Pourquoi... ? Pourquoi avait-il fallu que je naisses-en de tels lieux ? Je ne savais pas trop comment s'y prenait cet homme que ma mère appelait maître, mais selon lui j'avais quatorze ans. Il disait se fier à un certain « soleil », une boule de feu géante qui serait suspendue dans les airs. Mes yeux ne l'avaient jamais vus... ne m'étant jamais aventurée plus loin que dans les plaines de cet enfer que les adultes appels village, jamais mon corps n'avait été irradié de sa présumée douce chaleur ; et il ne le sera probablement jamais...
Cela faisait déjà une année complète que je n'étais plus maitresse de mon propre corps, une année trois mois et vingt-trois jours... pourquoi mon esprit gardait la date qui marquait le début de mon éternelle souffrance ? Je ne le savais guère, peut-être était-ce pour me rappeler le point auquel je voulais en finir avec cette vie d'objet, de servitude. Ou alors était-ce un moyen de garder espoir ? Espoir qu'un jour ou l'autre quelqu'un finirait par me tirer des flammes qui dévoraient mon être ? ... non... Je ne me bercerais plus de telles illusions, l'espoir... le chevalier sur son destrier blanc, le prince charmant ; des comptes, des fadaises, des folies en lesquelles on nous conditionnait dès le bas âge. Tout ceci pour enfin profiter de notre visage déconfit lors qu'un jour nouveau passait et que nous faisions office de simples poupées de jeu pour des hommes pour qui le vice n'était plus un défaut, mais une manière d'être.

J'ai dis-nous ? Non, ne le comprenez pas de travers, je reste le seul objet de moins de vingt ans âge ici-bas. Cette jeunesse représente le poids de ma valeur. Je me rappelle encore de ce qui s'est passé le jour où j'étais censée fêter on troisième cycle solaire. Vivre en ces lieux était déjà difficile et j'avais du mal à m'adapter à cette vie en souterrain tel de vulgaires vers de terre, mais à cela je dû ajouter en ce jour maudis mon entrée dans le monde des adultes. Leurs sourires extasiés, leurs rires en entendant mes pleurs, leurs frénésies se faisant plus virulentes, fonction de mes vint efforts pour me débattre. Ce jour-là, je ne pus fermer l'oeil, non pas que j'étais trop choquée pour pouvoir y parvenir, mais plutôt parce que mes appels au secours avaient eu l'effet inverse. Attirés par cette petite voix en détresse, mes futurs tortionnaires avaient compris là la mise sur le marché d'un objet neuf. Tel des Fourmies hypnotisées par la douceur des effluves sucrées d'un sirop, je connue durant ces heures indénombrables, plus de personnes que mes doigts ne pouvaient dénombrer.



Passé un certain moment, je n'avais plus de voix, ni de larmes, désirant simplement que ce cauchemar s'arrête, mon corps avait coupé tout liens avec mon esprit, mais ne m'avait pas endormi pour autant, condamnée à subir encore et encore ce manège douloureux. Lorsqu'en-fin ils m'abandonnèrent dans une petite flaque de substance encore inconnue, de sueur et d'eau qui avait filtré, car il avait plu ; mon esprit brisé n'attendait qu'une chose... de l'aide ! Je voulais sortir de cette pièce, mais mon coeur meurtri et paralysé d'incessants spasmes ne voulait pas bouger. Mon cerveau ne voulait plus penser... seules repassaient les images de mon cauchemar éveillé. Cette aide ne me vint pas sous la forme de prince sur son destrier blanc, mais plutôt sous celle de ce fameux maître tout sourire dont le Song des pièces et l'odeur omniprésente de billet neuf avait trahis l'arrivée et le point auquel je lui avais été lucrative. La voix comblée et cynique qu'il lorsqu'il vint me dire : C'est bien Milena chan ! Continue comme ça, je compte sur toi pour encore beaucoup de choses! résonnait encore dans mes oreilles il me l'avait annoncé en refusant de me caresser la tête voyant son état.

Ce jour-là, je reçus en cadeau un nounours, nounours qui devint mon compagnon, mon seul et unique allier et ami en ce monde où j'étais vue de toutes comme une concurrente déloyale... les autres femmes se complaisaient dans cette existence, elles avaient abandonné le faite de résister pour finir par se fondre dans cet univers sadique et morbide qu'était notre monde... plusieurs jours passèrent, nous nous référions à une pendule pour juger de cela ; pour moi elle n'avait plus aucun sens, je ne savais même plus si la petite aiguille indiquait midi, ou minuit... jamais je n'avais le temps de m'ennuyer. Et très peu pour dormir ; mes jours de repos étaient déclarés quand je tombais malade... mais malgré cet état déplorable, ceux qui payaient de grosses sommes pouvaient encore m'avoir...

Présentement, je n'attendais et n'attend qu'une chose... que mon corps lâche, que mon esprit soit libéré de cette prison, que je puisse m'envoler et partir au loin...loin de toute cette souffrance, loin de cet enfer, loin de cette vie en tant que chose. Aujourd'hui encore, une nouvelle robe paraissait ce corps meurtri, je ressemblais à une petite princesse, mais ce n'était pas pour me faire plaisir ; j'étais juste habillée fonction des goûts d'un autre client plein aux as. Selon le maître dont j'ignorais jusqu'à présent le nom, je faisais aussi office de bonne publicité ; ce qui n'était absolument pas faux... J'étais assise devant ce que j'avais affectueusement appelé la chambre de la mort... chambre où mon esprit mourrait chaque jour un peu plus, aspiré par les ténèbres. L'homme en question arrivât, un autre pervers qui me laissait couverte de bleu... Je savais mon regard vide et désespéré, mon corps s'était mis à trembler malgré lui du sort qui allait lui être réservé.
Entraînée dans ces quatre murs par l'homme en question, je perçus un homme qui me fixait de loin... Je le regardai un instant, curieuse de savoir qui était cette personne que je n'avais encore jamais vue ; mon retard me coûtât la première claque de la séance qui me fit une énième fois mordre la poussière. Tirée par la main telle une poupée de chiffon, j'y retournais encore une fois... dans mon enfer.